Et pourtant je n’ai pas à me plaindre!

Et pourtant je n’ai pas à me plaindre.

Non vraiment, je suis née au bon endroit comme on dit. Dans un pays civilisé, enfin on tente de s’en convaincre.

Dans une famille normale ou presque, comme toutes les familles lambda avec leurs soucis et leurs cadavres dans l’armoire…Bon ok peut être un peu plus de poids à porter que d’autres à des âges où j’aurai du goûter le caramel de l’innocence mais je me suis vite cassée les dents sur le Carambar de la vie…

Je n’ai pas à me plaindre, non vraiment !

J’ai la santé même si elle déconne quand ça lui chante mais je vais bien…pour le moment. La génétique ressemble à une épée de Damoclès mais n’avons-nous pas tous nos gènes défectueux qui jouent les compteurs du temps qui s’écoule sur des sabliers hormonaux ou cellulaires, non?

Héritage familial ou de société, nous sommes tous plus ou moins malades et condamnés à mort. Avant ça parait qu’il faut vivre ! Impératif absolu !

Je n’ai pas à me plaindre, non vraiment !

J’ai un boulot, pas celui que j’aime…Végétarienne travaillant dans une boucherie…je gagne ma croûte ou mon pâté en croûte plus exactement, celui qui me permet de voyager et de ne pas crever la dalle.

Les voyages, quête initiatique, personnelle. Fuite pour certains, je préfère penser que je me perds pour mieux me retrouver un sac sur le dos, comme une tortue, sans carte. De toute façon, je n’ai jamais su suivre les indications toutes faites des directions rectilignes imposées…

Une boussole toutefois m’aiderait…Oui parce que même si je n’ai pas à me plaindre, non vraiment…Je me sens un peu paumée dans mes lendemains.

Je perds le Nord moi fille des corons, des mines, du froid, de ch’nord, du petit quinquin, des marchés aux puces et des ducasses…Je perds mon identité avant même de savoir qui je suis.

Longtemps confondu être et valoir.

Encore du mal à les dissocier.

Car quand on ne vaut rien ou que l’on vous en persuade, il est difficile d’être.

On née pas tous égaux sur le paquebot de la sensibilité certains font le voyage dans les cales, d’autre sur le pont aux 4 vents, d’autres tiennent la barre sur le cap, sans détour…

Parfois j’ai l’impression d’être sur le radeau, à ramer comme une galèrienne pour rattraper votre navire, votre monde qui tourne à l’envers, vos rêves qui prennent l’eau, vos espérances qui se noient dans vos flaques d’eau.

Amère, car à bord de vos bateaux, vos pédalos, vos canoës…vous, vous savez vers où vous ramez.

Je n'ai pas à me plaindre, non vraiment!

Je fais la brasse dans le ciel. Je ne connais pas les étoiles, j’ai perdu mon berger, à moins que je ne sois que le mouton, dindon de votre farce, servie au festin des ogres du destin ?

Je n’ai la force que de mes fragilités, minables armes ici bas, c’est pourquoi j’ai souvent la tête en l’air.

Je connais mon Passé, c’est une vieille connaissance, de celle qui s’incruste et qui pique quand on se fait la bise. Mais j’ai perdu mon ami. L’avez-vous vu ? Il s’appelait  Avenir, espoir, projets, rêves, jeunesse.  J’ai croisé mon Présent mais il ne m’a pas reconnue, il est passé à côté de moi sans me voir, j’ai voulu courir après mais je me suis emmêlée les pieds dans les lacets des chemins sinueux.

Note à moi-même : trouver un G.P.S  (Grotte Pour Survivre)

Dessin : Six Sophie

Comments

[YB]

Très joli texte... Toujours aussi pessimiste mais çà.... YB.

[Six Sophie]

Pas pessimiste, juste réaliste ou "à fleur de peau" certains disent. Et puis, il y a de tout dans ce blog du "pessimisme" comme disent certains, des conneries (beaucoup) et des gribouillis qui se veulent plus légers. C'est comme pour les voitures, y'en a qui disent que les Porsche c'est des voitures de bourges mais ceux qui les conduisent n'ont pas forcément ce point de vue...Non? ;)